↘ change like healing takes time.

Le plafond de cet opéra est orné d’une mosaïque de couleur glissant des tons pastel à l’ombre bleuté d’un ciel étoilé. Son dôme n’a rien de semblable à ce que tu as déjà vu par le passé, pourtant tu en a vus déroulés des conservatoires, des auditoriums. Seulement, cette fois tout est différent. L’ambiance solennelle est empreinte d’un silence désarmant. Toi sur une scène en parfaite solitaire avec pour seuls juges trois professionnels du métier, ces gens qui te permettront peut-être de toucher du bout des doigts ce pourquoi tu travailles tant depuis tellement longtemps. Tes prunelles héritées de ta mère retombent vers les sièges dont le velours vifs cueille l’absence de tes parents. Dans le fond, tu aurais aimés les voir assis là à t’encourager, qu’ils apprennent à croire en toi comme tu cherchais constamment à le faire. Et puis, ton regard calme rencontre celui de ton frère ainé, August. Il est là, assis au deuxième rang parmi les quelques proches des autres candidats. Il te sourit de ce sourire emplit de confiance aveugle et de certitude, avant de te considérer d’un clin d’œil complice. Le raclement de gorge de l’un des membres du jury, t’arraches à ta rêverie personnelle comme pour t’encourager à commencer ton audition. Celle que tu travailles depuis presque huit mois, sans relâche et avec vigueur. Tu respires doucement avant que la musique de n’élève au sein de cette vaste pièce où la symbiose du son et de la mélodie ne font plus qu’un. L’archet en main, tes doigts s’appliquent avec un naturel déconcertant à manipuler cet instrument qui t’a permis d’en arriver là où tu es aujourd’hui. Sans lui tu aurais probablement laissé tomber depuis longtemps. Dire qu’il a été ta seule source de volonté serait mentir, oui car tu oubliais entre autre les membres de ta fratrie, certains de tes amis. Les quatre saisons de Vivaldi résonnent avec une vivacité surnaturelle car tu as ce don de la vivre et de l’habiter complètement. Pour autant, tu ne cesses de douter en permanence mais depuis le temps tu as su prendre de l’assurance. Tes doigts d’artiste savent parfaitement harmoniser et apprivoiser l’instrument et c’est les paupières closes que tu mets un terme à cette partition que tu as tant mis d’ardeur à répéter. Tu avais l’impression d’être partie ailleurs, le temps semblait même avoir suspendu son vol. Tu rouvres à nouveau les yeux, entendant cette fois les applaudissements des quelques personnes ornant les sièges, le sourire des trois examinateurs pour seule attente avant la réponse finale que tu ne recevras pas avant les prochaines vacances d’été. Tu te lèves en acquiesçant légèrement la tête – simple marque de politesse – avant de prendre ton violoncelle pour quitter la grande estrade. Dans les coulisses, tu t‘attèles à ranger ton instrument dans son étuis sous le regard attentif et insistant des autres adolescents qui auditionnent eux aussi. « Tu as été géniale Nell, c’était magnifique ! ». S’exclame ton frère tout en déposant sa main sur ton épaule. Sa voix est sincère, il est fière de ce que tu as accomplis tu le sais mieux que quiconque. August avait toujours su t’encourager quoi qu’il arrive, quoi que tu choisisses. Tu ne le remercierais jamais assez pour cela, seulement tu ne pouvais t’empêcher de douter, d’espérer que cela pourrait inverser la donne sur l’avis de vos parents en particulier votre mère. Tu le toises avec un sourire timide mais véridique à la fois. « Merci, c’était important que tu sois là Gus. ». Son expression protecteur prendre le dessus, et il te prend dans ses bras comme il le faisait toujours lorsque tu avais besoin de reprendre confiance en toi.  « Allez maintenant, on se doit d’affronter le combat de la réunion de famille ! ». Te dit-il avec un rire amusé. (…) La table est dressée avec une organisation et sens du gout qui ne peut provenir que de votre mère, tu la reconnais bien là. Assise sur le canapé, elle se tient en face de Phineas qui lui parle de ses études tandis que votre père fume son éternel cigare en écoutant ta sœur ainée. A cette vision, tu esquisses un sourire mélancolique. La famille était importante quoi qu’il arrive. « Tiens alors comment notre petit canard de l’opéra s’en est sortie ? ». T’interroge  Finn accompagné d’un clin d’œil malicieux en attendant que tu répondes, mais c’est August qui te devance en s’aventurant dans le salon principal. « Elle s’en est tirée comme un chef, pourquoi tu avais des doutes frangin ? ». Avait-il dit tout en embrassant votre mère sur la joue. Tu hoches lentement la tête, sourire accroché aux lèvres bien que tu ne sois pas très certaine de ce que peut avancer Gus. Ta figure maternelle t’observe avec une mine neutre mais tu sais le moins du monde ce qu’elle en pense. « Laissez-là un peu donc tranquille, on est là pour un barbecue familial il me semble ? Bon alors on mange parce que moi j’ai faim. ». La réplique de Cassis a toujours le don maladroit d’attirer l’attention, tous les Lahey présents dans la pièce la regardant avant de rire. Elle passe un bras autour de tes épaules, en te proposant une assiette de douceurs salées et sucrées. Tu chipes une que tu mets dans ta bouche tout en rigolant. Des rives pouvaient vous séparer mais après tout on ne peut défait ce qui est fondamentalement lier depuis le tout début. Ils étaient ta famille, des piliers que tu changerais pour rien au monde. Peu importe leurs choix, peu importe leurs personnalités. C’est comme ça, vous n’étiez pas prêt de changer les uns comme les autres.

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Pas de rééducation pour aujourd’hui, rien de prévu si ce n’était de la détente. Un bien recommandé par l’ensemble de tes proches, sans oublié ce kiné qui te menait la vie aussi dure que pouvait le faire ton dernier psy. Vêtue d’un caleçon et d’un t-shirt bleu foncé deux fois trop grand pour toi, tu te retrouves assise sur un tabouret de la cuisine, ton instrument reposant le long de tes jambes. Si ta main gauche supporte parfaitement ces gestes coutumiers, il n’en va guère de même de la droite. Prendre ton archet en main se révèle bien plus compliquée. Ta patience en venait parfois à l’usure et tu perdais ton calme mais cette fois tu tentes de la dompter. Gavroche te considères d’une expression passive, la tête nichait entre ses pattes. Cette boule de poils de deux ans, avait su t’attendrir lors de ta visite au marché aux puces lors de ta visite à Londres. C’était il y a bien longtemps mais si vieux que cela à la fois. Tu joues avec les cordes de ta main gauche, avant de soupirer pour finalement laisser tomber. Des images de ta main droite brisée te reviennent en mémoire et tu tentes de les chasser très vite pour ne pas te laisser submerger par une crise d’angoisse. La porte de l’appartement que tu partages avec Louis, s’ouvre tout naturellement sur le visage coutumier de Freddie. Sourire aux lèvres, ce dernier s’aventure jusqu’à la cuisine comme s’il rentrait dans un moulin. Sa conduite ne t’étonne pas le moins du monde, après tout il était aussi le meilleur ami de Louis. Une confiance aveugle, presque fraternel liait ces deux-là. Impossible à comprendre quelques fois. Tu secoues la tête d’un mouvement péjoratif alors qu’il t’embrasse sur la joue pour te se diriger vers le réfrigérateur. « Fait comme chez toi … Tiens ne perd pas la main, je veux bien un soda aussi. ». Lui dis-tu d’une manière amusée. Avec lui ne peut jamais t’empêcher de rire,  à croire qu’il a cela dans le sang. Tout en buvant sa propre canette de soda, il fait glisser la tienne le long du comptoir en bois tout en s’appuyant légèrement contre le plan de travail. Tu en profites pour te lever afin de caler ton instrument contre le mur. « Attend, minute papillon … On peut savoir pourquoi tu portes l’un des t-shirt de Louis, cocotte ? ». T’interroge-t-il l’air perplexe et réprobateur. Il allait toujours vite en besogne lorsque cela te concernait en revanche quand cela concernait sa relation avec ta sœur c’était loin d’être le cas. De vrais chiens et chats, se manger le bout du nez était le but de l’un comme de l’autre. Tu passes une main dans tes cheveux nouvellement courts depuis quelques mois, tout en croisant les bras sur ta poitrine. « Non parce que là, il y a toutes les preuves nécessaires pour faire valoir qu’il a … ». Ton ricanement spontané met un terme à sa réplique, le laissant quelque peu déconcerté. « Qu’il à quoi ? Hier on est juste sortie boire un verre avec mes frangins et les siens. J’ai l’esprit encore un peu embrumé mais il m’a juste prêté un t-shirt parce qu’il était tard. Tu vas vite en déduction lorsqu’il s’agit de Louis … ». Il était dur de ne pas prétendre le contraire. Louis était un jeune homme on ne peut plus charmant, vous étiez colocataires, vous vous connaissiez depuis l’enfance et puis ? Il ne te laissait pas indifférent, c’était même parfois complexe de s’effacer devant des filles qui pouvaient le coller. Leur assurance était coupante, tu n’avais rien de tout cela. Il avait pris ces distances sans dire un mot avant de réapparaitre il y a quelques mois pour te proposer une colocation. Tu mords ta joue intérieure. « Je te surveille, c’est tout. ». Affirme Freddie sans se départir de son fameux sourire espiègle.  Tu secoues une énième le visage avant de soulever la boite à cadeau qui trainait au centre du comptoir. Tu saisis un éclair au chocolat, que tu t’apprêtes à manger lorsque ton camarade te la chipe au passage. « Merci bien mon canard ! ».  Tu lèves les yeux au ciel, fronçant les sourcils lorsque la porte de la chambre de la salle de bain s’ouvre sur l’identité de ton colocataire. Les cheveux encore mouillés, il enfile sa chemise en vous rejoignant dans la cuisine. « J’aurais dû me douter que c’était toi. ». Dit-il tout sourire à l’attention de Freddie. Ce dernier vous regarde tour à tour avant d’hocher lentement la tête, une moue ingénieuse peint sur son visage. « Je vois, je vois. ». Tel un seul homme, toi et Louis vous vous regardez l’un l’autre avant de reporter votre attention sur votre meilleur ami. « Oh, doucement avec tes conclusions hâtives Sherlock. ». Reprend Louis tout en rigolant d’une manière aussi malicieuse que joueuse. La scène était risible, la forme d’un quiproquo mais la situation en elle-même était vecteur d’une vérité dont l’essentiel est en train de se dessiner.