(r) are you following me.

she's gonna break your heart
and make meat out of it.
© EMILIACLARKE

Encore une autre nuit où l'alarme n'a pas sonné. Reid en vient à se demander s'il en est content ou pas. Il en vient presque à s'ennuyer des dames qui font brûler un repas, ou des pauvres mecs qui essaient de cuisiner pour leur copine. Tout ces petits indicents mineurs qui lui donnent du boulot. Au lieu de quoi, il passe tout son chiffre à jouer au échec avec un collègue et à faire la cuisine, puisqu'il fait apparemment la meilleure de toute l'équipe. Lorsque la cloche du changement d'équipe se fait, Reid laisse échapper un soupir. Il n'est pas devenu pompier pour ça. Pour passer des nuits à ne rien faire, prêt à une quelconque attaque du feu. La pensée de changer de métier lui passe par la tête. Il la met dans un coin et passe à autre chose. Il a besoin de sommeil. En moins de deux il prend ces clés de voiture et se rend à son appartement. Aussitôt arrivé il se dirige dans son lit. À son réveil, il est déjà huit heure du soir. Il se prend rapidement de quoi manger - une pizza surgelée - puis part dans la douche. Prêt d'une dizaine de minutes après, il en ressort, comme neuf. Il enroule une serviette autour de sa taille et de dirige vers le salon tout banalement. C'est seulement une fois qu'il se stationne devant la télévision et qu'il tente de s'asseoir qu'il remarque une présence sur le canapé. Celle de sa plus ou moins colocataire, Cat. Comme un chat, agile et discrète, elle s'est faufilée jusqu'à là. Dans un geste pudique, il fait demi-tour et se rend à chambre pour se mettre un truc sur le dos. Il en ressort même pas cinq minutes après. Alors que les idées affluent dans sa tête, il décide d'aller au Hollis Bar&Grill, encore affamé et ayant envie de prendre une bière froide. En moins de deux il sort de l'appartement saluant à peine sa colocataire désespéré et se rend au bar. Il s'assied à une tête et commande rapidement un steak frite avec une bière. Alors qu'il prend une gorgée de bière, il voit Cat traversé la porte prenant un siège prêt de lui. « Je me rappelle pas avoir signé un contrat disant que tu devais me suivre partout où je vais, Wykes.» Il hausse vaguement un sourcil, amusé par sa phrase. Elle est pas croyable celle-là.

tell me i'm not going home
AND I'LL STOP WAITING BY THE PHONE.
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« Je me rappelle pas avoir signé un contrat disant que tu devais me suivre partout où je vais, Wykes. » Elle ignore la remarque de son colocataire et s'installe en face de lui en prenant ses aises. Elle attrappe une frite dans l'assiette de Reid et la mâche distraitement. Le gout de l'huile sur le bout de sa langue. Elle en prend une seconde. Après un silence qui paraît trop long pour être naturel, elle décide finalement de répondre : « Tu sais que je ne peux pas résister à ton charme, pourtant. » Elle lève les yeux furtivement et croise son regard pendant une fraction de seconde, avant de rabaisser ses iris aussi rapidement, avec une fougue à peine masquée, consciente que sa tentative de nonchalance a été veine. Finalement, elle ne cache même plus son malaise : tous ses efforts pour feindre la désinvolture lui donnent l'impression d'être une idiote. Elle regrette de l'avoir, en effet, suivi. Un comportement qu'elle ne peut expliquer. Un élan soudain est contradictoire avec sa personne. Mais elle devait lui parler. Elle doit lui parler. Ce n'est pas son fort, entamer les conversations. Et elle se l'était prouvé au courant de ces derniers jours. Guettant le moment idéal pour aborder Reid, il l'avait surprise à maintes fois entrain de l'observer silencieusement, à le regarder avec insistance, espérant que celui-ci fasse le premier pas et vienne lui parler. Mais c'était peine perdue, et elle le savait pertinemment : le jeune homme ne s'excusera pas, un point c'est tout. Au final, elle n'a pas redoré son blason, au contraire, elle est persuadée qu'il la pense encore plus dingue que jamais, qu'il a ajouté stalker à la liste d'adjectifs la qualifiant, ça en plus de folle à lier et de gamine tout juste sortie de l'adolescence. Elle soupire. Ce n'est pas ce qu'elle voulait. Rien de tout ça. Encore une fois, alors qu'elle repense aux événements de ces dernières semaines, tout le courage qu'elle avait amassé dans le but de se réconcilier avec lui s'envole comme poussière au vent. Ce n'est pas l'envie qui manque. C'est juste qu'elle est comme ça, Cat, éternelle mal à l'aise socialement et dégonflée par nature. Mais, cette fois-ci, elle ne peut y échapper. C'est trop tard, elle est déjà face à lui et il attend une explication. « Il faut qu'on parle. » Sa voix, presque un murmure, se meurt et son regard se perd. Ses entrailles se sont resserrées et une boule pèse dans sa gorge, rendant chaque syllabe douloureuse à prononcer. Elle se remémore leur dispute récente. Elle était entrée dans une colère noire, comme jamais auparavant, quand le jeune homme l'avait confrontée à propos de son âge. S'il y a une chose qu'elle ne puisse pas supporter, c'est qu'on envahisse son espace personnel. Emportée dans sa rage, ses mots avaient dépassé sa pensée et les regrette amèrement. Elle doit s'excuser, elle le sait. Mais elle ignore comment. Elle espère que ça le poussera à demander pardon, lui aussi. Parce qu'ils doivent se réconcilier. Pour des questions pratiques : elle habite chez lui et ne peut se permettre de trouver un autre logement. Et puis, des raisons qui restent floues, qui font qu'elle s'est attachée à cet homme qui l'a accueillie quand elle été à son plus mal sans poser de question. « J'imagine que c'est le moment où on se pardonne et on redevient amis. » Elle fixe ses mains posées sur la table, incapable les tenir immobiles. Et puis, elle lève les yeux vers lui, une lueur d'espoir dans son regard.